Avec un prix des betteraves sucrières à la baisse et celui des pulpes surpressées en hausse, les éleveurs betteraviers ont intérêt à convertir une partie de leur surface en betteraves fourragères.
La betterave est un concentré d'énergie. Elle permet dans certaines rations de diminuer la part de concentré énergétique. (©Nathalie Tiers)
L'équipe Réseaux d'élevage bovin lait des Hauts-de-France s'est intéressée de près aux surfaces betteravières. Face au contexte incertain de la filière betterave à sucre avec des prix à la baisse et des rendements pas forcément au rendez-vous, de nombreux planteurs envisageaient cette année d'arrêter. Pour les éleveurs en revanche, il peut être intéressant de convertir ces surfaces en betterave fourragère et ainsi arrêter d'acheter de la pulpe surpressée, dont le prix lui est à la hausse.
Les experts estiment qu'1 kg de pulpes équivaut à 2/3 kg de betteraves + 1/3 kg de maïs, avec un gain de + 1,5 g/l de TB et + 1 g/l de TP. Pour simuler la conversion, ils se sont appuyés sur une exploitation de polyculture élevage dont la ration hivernale des vaches laitières et l'assolement se trouvent modifiés :
Ration avantRation après12 kg MS ensilage maïs13 kg MS ensilage maïs3 kg MS pulpes surpressées2 kg MS betteraves fourragères2 kg MS de foin2 kg MS foin4 kg MB de VL401 kg MB de VL180,3 kg MB de CMVAssolement avant et après la conversion de surfaces en betteraves sucrières vers des fourragères. (©Idele)
Économiquement, cette conversion est favorable car l'EBE augmente quels que soient les prix des betteraves (fourchette hausse ou basse) et de la pulpe :
Prix des betteraves sucrièresBasse : 17 €/tMoyenne : 24 €/tHaute : 30 €/tPrix dela pulpeBasse : 16,5 €/tMB (66 €/TMS)+ 1 664 €+ 977 €+ 388 €Moyenne : 24,5 €/tMB (102 €/TMS)+ 2 544 €+ 1 857 €+ 1 268 €Haute : 32,5 €/tMB (130 €/TMS)+ 3 233 €+ 3 056 €+ 1957 €EBE du cas-type en situation initiale = 135 000 €
S'il s'y retrouve financièrement, un éleveur betteravier qui se lance dans la fourragère devra néanmoins respecter certaines règles qui peuvent être chronophages. Parmi elles, on peut noter :
- la récolte : à faire en conditions sèches pour limiter la présence de terres et de cailloux
- le stockage : pour limiter les risques de gel mais aussi de pourriture si la ventilation du silo est insuffisante
- la reprise : qui peut être compliquée selon l'équipement en termes de distribution. Attention aussi aux butyriques si les betteraves sont sales !
Pour rayer ces contraintes, une autre solution existe : faire pâturer les betteraves fourragères.