En automne, il reste encore de l'herbe à aller chercher. Si les conditions de portance le permettent, les animaux (surtout ceux à faibles besoins) peuvent regagner les prairies pour profiter des repousses et nettoyer les parcelles avant l'hiver. D'une pierre deux coups : le pâturage d'automne permet d'économiser du fourrage stocké tout en favorisant la future pousse de printemps.
De la quantité et de la qualité à aller chercher sur le pâturage d'automne, à condition de bien exploiter l'herbe. (@Davmorvan)
L'herbe d'automne est une ressource intéressante à exploiter. Elle présente généralement de bonnes valeurs alimentaires : valeurs énergétiques > 0,90 UFL/kg MS, valeurs azotées > ou = à 150 g de PDIN/kg MS et entre 100 et 110 g de PDIE/kg MS, d'après des analyses sur prairies permanentes. Beaucoup d'éleveurs ont d'ailleurs ressorti leurs troupeaux pour profiter de ces repousses automnales après un été "sur la paille" à cause de la sécheresse.
Tous les conseillers et experts se rejoignent sur les avantages de l'herbe d'automne : diminuer le nombre d'animaux en bâtiment, réduire les frais de mécanisation et le coût alimentaire, économiser du fourrage stocké et de la paille de litière, réaliser un épandage naturel des effluents par les animaux...
En revanche, quelques points de vigilance sont à rappeler :
- Mieux vaut prioriser un pâturage pour des animaux à faibles besoins (génisses de 18 à 30 mois, vaches taries et pleines pour ce qui est du troupeau laitier, et génisses, bœufs et vaches pleines en allaitant)
- Prévoir une surface suffisante et/ou limiter le chargement pour éviter une perte d'état ou le besoin de complémenter
- Faire pâturer seulement si les conditions de portance le permettent
- Veiller à l'appétence de l'herbe (le développement de l'oïdium ou de la rouille peut apparaître)
Éleveur laitier en Bretagne, Pascal confirme en postant une photo de ses génisses au pâturage et en expliquant que les vaches laitières restent quant à elles au bâtiment car la portance et l'état des chemins ne permettent pas leur sortie :
Pâturage d’automne! Les génisses vont se charger du nettoyage des paddocks avant l’hiver. la portance des sols et l’état des chemins d’accès ne permettant pas de sortir le troupeau de vaches laitières #Bretagne #pâturage #meteo pic.twitter.com/QYaNlwoAGZ
— Pascal Le Guern (@ArmoricanFarmer) November 15, 2019Lui aussi éleveur mais d'allaitantes, Quentin Legeay (Orne) recommande dans une fiche technique d'Autosysel : « Dès que l'herbe vient à manquer, il ne faut pas insister et rentrer les animaux en bâtiment. Les allers et retours en tracteur pour affourager les animaux au champ et le gaspillage de fourrage distribué finissent par coûter cher. Laisser reposer la prairie au moins deux mois, sans animaux, pour ne pas hypothéquer la repousse au printemps suivant. »
Sur ce dernier point, Vincent Rigal (conseiller fourrage CA Loir-et-Cher) explique dans une vidéo dédiée au pâturage d'automne : « La hauteur de sortie des parcelles doit être de 5 cm à 8 cm. En pâturant trop ras, on touche aux réserves de la plante. » Il rappelle : « La mise à l'herbe de printemps se prépare à l'automne : le dernier passage sert à "raser l'herbe", ce qui permet de limiter les refus et de favoriser l'accès à la lumière pour le tallage des graminées et le développement des légumineuses. »
Les conseils de Vincent Rigal (CA Loir-et-Cher) en vidéo :
Cliquez sur l'image pour lancer la vidéoCertains pousseront le pâturage plus loin en poursuivant sur l'hiver. Des techniques existent comme le bale grazing, le parc stabilisé ou le pâturage en andain. Pour les plus frileux, l'hiver restera la bonne période pour préparer la saison à venir. Florent Cotten (Pâturesens) invite d'ailleurs les éleveurs à profiter de l'accalmie hivernale pour se former et préparer les clôtures en hiver.