Début de cycle difficile, stress hydrique pendant la floraison... : les conditions climatiques ont fortement impacté les cultures, tant en maïs grain qu'en maïs fourrage. Les résultats de cette campagne se révèlent très hétérogènes entre les régions, mais également au sein d'une même zone de production.
Pour cette récolte 2019, l'Association générale des producteurs de maïs (AGPM) estime un rendement national de 89,7 q/ha en maïs grain, contre 96,7 q/ha en moyenne sur cinq ans. « La production nationale devrait atteindre 12,3 millions de tonnes, sur la base de 1,38 million d'hectares et en intégrant 50 000 ha de transfert du grain vers le fourrage », note l'AGPM. « Les conditions climatiques de l'année ont inévitablement limité les potentiels de production. Les résultats sont très hétérogènes entre les régions, mais également au sein d'une même zone de production ».
Après la ??? On récolte enfin la première tournée de #maïs pour le sécher. Les rendements sont nettement moins bon cette année ?? #sécheresse ?? #moisson2019 pic.twitter.com/SwFadWfWDx
— Bastien P ?? (@bastienpap) October 22, 2019Récolte de #maïs pluvial en Val de Saône > 100q pic.twitter.com/hen9CfvR4z
— Emmanuel BONNIN (@BONNIN1402) October 19, 2019Les maïs ont subi un « début de campagne difficile », précise Thomas Joly, responsable des programmes maïs chez Arvalis-Institut du végétal. « Les semis ont débuté mi-mars et se sont achevés mi-mai, retardés par le retour des pluies et les températures froides ». De plus, « la crainte d'attaques précoces de ravageurs, en raison de l'arrêt du traitement de semences insecticide de référence, a aussi freiné le démarrage des chantiers ». Relativement froid, le mois de mai a également ralenti le développement des maïs en début de cycle. « Les plantes se sont donc retrouvées plus longtemps exposées aux ravageurs : corvidés, taupins, mouches... »
Pour les interventions de désherbage post-levée, les conditions climatiques se sont avérées peu favorables jusque début juin : « peu de jours disponibles, des amplitudes thermiques importantes et des épisodes venteux ». Les possibilités d'interventions mécaniques ont également été assez rares. Puis les conditions climatiques chaudes et sèches du début de l'été ont créé, à nouveau, des conditions stressantes pour les maïs. « Ce stress hydrique a notamment pénalisé la fécondation des épis ». Et les pluviométries du mois de juillet, restées faibles, n'ont pas arrangé cette situation, excepté dans quelques régions. « Au sud de l'axe La Rochelle-Colmar, les pluies tardives ont pu localement sauver quelques situations en floraison tardive et accompagner le remplissage des grains ».
Agriculteur dans le Loiret, Gilles vk témoigne, sur sa chaîne Youtube, d'une récolte de maïs « catastrophique » en sec avec une forte hétérogénéité intra-parcellaire. « En irrigué, c'est mieux ! », note l'agriculteur. Un constat partagé par Thomas Joly : « dans les zones où l'irrigation a pu être menée à bien, les rendements sont au rendez-vous et ont pu atteindre et même dépasser des rendements moyens supérieurs à 10 tonnes de grain par hectare. [...] Même dans les zones handicapées par des arrêtés, les quantités d'eau ont permis de limiter les décrochages. L'irrigation aura encore prouvé qu'elle constitue la meilleure assurance climatique et cette campagne de production illustre bien la pertinence du stockage de l'eau ».
Cliquez sur le curseur pour lancer la vidéo de Gilles vk, agriculteur du Loiret.En maïs fourrage, les rendements sont « à la baisse un peu partout, de 30 à 50 % inférieurs à la normale jusqu'à des situations proches de la normale : de 6-7 t à 17-18 t MS/ha », précise Thomas Joly.
Comme pour le grain, son cycle a été entravé par des conditions climatiques compliquées. Le déficit hydrique dès le mois de juin a fortement stressé les cultures. « La phase la plus critique du cycle, autour de la floraison, s'est déroulée en situation de stress hydrique marqué dans beaucoup de régions, aggravé par deux périodes de températures élevées, fin juin et fin juillet ». La fin de cycle s'est, elle, déroulée sous un climat plus frais et avec un régime de pluie proche de la normale.
Côté qualité, les résultats s'avèrent très variables « tant au niveau des gabarits des plantes que de la richesse en grain. Les teneurs en amidon peuvent être parfois très faibles mais la digestibilité des tiges et des feuilles devrait être bonne à très bonne pour les maïs récoltés tôt. Pour les récoltes tardives (fin septembre, début octobre), il est encore tôt pour se prononcer mais la digestibilité devrait être en retrait du fait de plantes "vieillissantes" ».