Incorporée à la ration, la betterave fourragère améliore l'appétence et apporte de l'énergie. Et si on ne l'arrachait plus ? En effet, le pâturage des betteraves réduit grandement les frais de mécanisation en étant tout aussi efficace. Cette méthode permet d'ailleurs de pallier un déficit d'herbe en été. Et côté butyriques ? Aucun risque au pâturage !
La betterave fourragère pâturée permet d'apporter un fourrage riche lorsque la production d'herbe est à la baisse. (©J. Greffier - ADBFM)
Plébiscitée par les éleveurs et grandement appréciée des bovins, la betterave fourragère a la côte. Certains affirment qu'elle augmente les taux. Traditionnellement distribuée à l'auge, elle peut également être pâturée prenant ainsi le relais lorsque l'herbe sur pied vient à manquer en été.
Avec jusqu'à 17 t de MS/ha comme rendement, la betterave fourragère permet de sécuriser les systèmes fourragers. « C'est une plante très riche en énergie : jusqu'à 1,15 UFL, ce qui en fait une plante plus productive à l'hectare (entre 18 et 20 000 UF/ha) qu'un maïs », affirme Julien Dupé, ingénieur RAGT.
Comme cité sur le site de l'association de promotion de la betterave fourragère ADBFM, la betterave présente les avantages d'un fourrage au faible coût de revient comme ceux d'un concentré du fait de sa richesse. Ses valeurs alimentaires permettent de réduire l'apport de concentrés. Elle est riche en énergie mais pauvre en protéines et cellulose. Elle présente également un faible encombrement (moitié moins qu'un autre fourrage), ce qui améliore l'ingestion de la ration.
3 à 4 kg de MS/j/vache, soit 2 heures de pâturage/j dans les betteraves fourragèresBien-sûr, une transition est à prévoir lorsqu'on l'intègre à la ration. Les experts préconisent d'introduire 1 kg de MS/vache supplémentaire chaque semaine jusqu'à obtenir la ration de croisière sans pour autant dépasser 3 à 4 kg de MS/j/vache du fait de la teneur en sucre importante.
Valeurs alimentaires de la betterave fourragère (source Inra) :
MS g/kgUFLUFVPDINPDIEBetterave fourragère1301,151,166286Betterave fourragère riche en MS1901,121,145388(Les valeurs UFV et UFL sont celles correspondant à une distribution de l'ordre de 3 kg de MS/vache/j)
Très développé en Nouvelle-Zélande, le pâturage de betteraves fourragères se pratique tout aussi bien chez nous. L'avantage : contrairement à l'arrachage, le pâturage ne nécessite aucun investissement matériel pour la récolte car ce sont les vaches qui font le boulot. Julien Dupé témoigne : « Cela permet de pallier le manque de fourrage l'été. Dès le mois d'août, l'éleveur peut faire pâturer ses betteraves, ce qui s'avère bien intéressant en période de sécheresse. »
Il préconise : « Puisque sa consommation journalière est restreinte, il vaut mieux limiter le pâturage à 2 heures/j. L'idéal est que la parcelle soit à côté d'une prairie pour jongler entre betterave et herbe. » La conduite se fait au fil en réservant un front de consommation d'environ 3 m de large par vache. Quotidiennement, il faut repousser le fil de 2 à 3 rangs. « Les éleveurs qui se lancent dans cette pratique commencent par une surface limitée (1 à 2 ha) par crainte mais aussi parce que les contraintes peuvent être chronophages (changer les vaches de parcelle dans la journée, avancer le fil tous les jours...). »
Aucun risque de butyriques lorsque la betterave est pâturée, c'est à l'auge que la fermentation se met en route.Pour habituer les jeunes animaux, il est conseillé d'arracher quelques racines à la main et de leur donner à même le sol les premiers jours. Et pour tordre le cou aux idées reçues, Julien explique : « On ne constate pas de problèmes de butyriques. La présence de terre n'a pas d'incidence car la betterave est consommée fraîche et non pas fermentée. C'est lorsqu'elle est distribuée à l'auge avec de la terre que le processus de fermentation se met en place, d'où l'importance du lavage. »
« Toutes les variétés ne se pâturent pas. Il existe trois catégories de betteraves, classées selon leur teneur en matière sèche : moyennement riche, riche et très riche en MS. Il faut choisir celles avec le taux de matière sèche le plus faible pour le pâturage car elles ont une part de la racine qui émerge davantage que les autres, critère important pour que les bovins puissent l'arracher. »
Si le contexte incertain de la filière betterave à sucre inquiète certains producteurs, peut-être qu'on verra prochainement des transferts de la sucrière vers la fourragère, qui sait ? D'ailleurs, la transition est facile : il s'agit de la même conduite et l'équipement nécessaire est le même. Affaire à suivre donc !