Suite à une première mobilisation, le 8 octobre dernier, à l’issue de laquelle ils estiment « n’avoir reçu aucune réponse du Gouvernement », le duo FNSEA-JA remobilise ses troupes mardi 22 octobre devant les préfectures pour renouveler son « cri de détresse ». Les agriculteurs des deux réseaux syndicaux mènent des opérations de bâchage des préfectures pour dénoncer « la stigmatisation permanente, les distorsions de concurrence et la faiblesse des revenus agricoles ».

Tract distribué par des jeunes agriculteurs du Loiret à des automobilistes, lors de la manifestation du 8 octobre sur le pont de Sully-sur-Loire.   Tract distribué par des jeunes agriculteurs du Loiret à des automobilistes, lors de la manifestation du 8 octobre sur le pont de Sully-sur-Loire. (©Terre-net Média) 

Stigmatisation permanente, distorsions de concurrence insurmontables, accords commerciaux déloyaux, revenus en berne : c’est pour au moins ces quatre motifs revendiqués que les agriculteurs de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs se mobilisent à nouveau, mardi 22 octobre dans la matinée, devant les préfectures pour des « opérations de bâchage ». Les agriculteurs des deux réseaux syndicaux veulent interpeller le président Emmanuel Macron et obtenir de sa part une prise de position forte contre la déconsidération dont ils estiment être victimes et le malaise qui en découle.

Le 22 octobre 2019 : MOBILISATION dans tous les départements de France ! @JeunesAgri @JeromeDespey pic.twitter.com/LjwUaeUUSB

— La FNSEA (@FNSEA) October 18, 2019

Lors de la dernière mobilisation nationale, le 8 octobre dernier, le syndicat majoritaire avait revendiqué quelque 10 000 agriculteurs et 6 000 tracteurs sur les routes de France, sans toutefois obtenir la moindre répondre de la part du chef de l’État ou du Gouvernement.

« Les paysans de la quasi-totalité des départements vont aller devant les préfectures de départements en disant « Macron, répond-nous ! », explique Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA.

Vendredi dernier, des actions étaient d'ores et déjà prévues pour ce mardi 22 octobre dans une quarantaine de départements des régions Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Bretagne, Centre, Grand-Est, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d'Azur. Une quinzaine de départements, dont ceux de l'Ile-de-France, avaient néanmoins précisé qu'ils différaient leurs action pour des raisons climatiques ou de travaux de cultures.

But de l'opération : « à nouveau envoyer un message fort au président de la République, pour avoir des réponses de sa part sur les sujets que nous portons depuis le début », a déclaré Jérôme Despey. « Le but, vraiment, c'est d'aller devant le lieu symbolique de l'État qu'est une préfecture pour dire : Macron, répond nous, répond à cette détresse que vivent les paysans ». « Le président de la République nous doit des réponses. Nous saurons nous faire entendre par des actions envers les préfectures de tous les départements entre 9 h et 12 h.

Parmi les préoccupations des agriculteurs : « l'agribashing » ou la « déconsidération » du monde agricole ou de ces pratiques. La FNSEA et JA n’en peuvent plus des « intrusions » des militants antispécistes dans les élevages. La FDSEA de la Marne a ainsi recensé « 7 intrusions dans le département depuis le début de l’année 2019 », sur un total de « 40 intrusions dans des élevages » dénombrées par le syndicalisme majoritaire.

« Malgré les efforts constants en matière de bien-être animal et de bonnes pratiques agricoles, les agriculteurs sont harcelés, attaqués sur l’existence même de leur métier, avec des méthodes de plus en plus violentes, trop souvent illégales », insiste la FDSEA de la Marne.

« Le compte n’y est pas » en matière de rémunération des producteurs

Les deux réseaux syndicaux dénoncent aussi « la pression sur les phytosanitaires » avec les zones de non-traitement (ZNT) de produits phytosanitaires, de même que les « surtranspositions » de réglementation européenne, ainsi que les accords de libre-échange comme le Ceta (accord UE-Canada), auxquels ils sont « totalement opposés ». Les agriculteurs voient d'un mauvais œil des accords qui permettraient d'importer en Europe et donc en France des aliments produits à bas coûts, selon des normes de qualité moindres, à l'heure où ils sont sommés de « monter en gamme ».

Hasard du calendrier : cette action syndicale FNSEA-JA intervient au lendemain d’un premier bilan de la loi Egalim quasiment un an après sa promulgation. Cette loi était censée rééquilibrer les relations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs. Mais le ministre de l’agriculture a reconnu que « le compte n'y était pas s'agissant de la rémunération des agriculteurs ».